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Prochains spectacles

 

 

de Stephen Adly Guirgis

 

du 10 au 29 janvier 2017 Pulloff théâtres — Lausanne

 

 

 

traduit de l'anglais par
Geoffrey Dyson
et
Antoinette Monod
Une production du Théâtre Claque — Lausanne

 

La comédie de Stephen Adly Guirgis, L’enculé au Chapeau a pour sujet ce grand « bordel » pipé qu’on appelle la vie. D’autant plus que ce bordel a été engendré par l’utilisation excessive d’alcools et de drogues qui sert à engourdir le mal de vivre. L’enculé au Chapeau a aussi pour sujet la patience, la persévérance et la maîtrise de soi. Guirgis défend l’idée que la morale n’abdique jamais, même pas une seconde. Et il montre qu’un comportement exemplaire, un travail acharné, des années d’abstinence et de fidélité peuvent être détruits en une seconde. Avoir confiance en autrui, c’est comme une dent humaine, ça pousse très, très lentement et ça peut se perdre en un éclair.

 

L’action se passe à New York : Jackie, un Portoricain hyperactif, vient de sortir de prison après avoir été condamné pour trafic de drogue. Dans sa vie antérieure, il était toxicomane et alcoolique, mais il essaie de se refaire une santé en restant clean et en suivant assidûment le programme des Alcooliques Anonymes (AA). Et en plus, il vient de décrocher un job. Mais sa petite amie, Veronica, elle, est encore cocaïnomane et ne respecte aucune contrainte sociale. Ralph D., le référant de Jackie auprès des AA, l’exhorte sans cesse à vivre une vie saine, remplie de tofu, de tisanes et de yoga. Il l’encourage à tourner la page et à affronter ses problèmes. C’est le point de départ de cette farce. Guirgis démontre avec force, subtilité et habilité le dilemme d’être déchiré entre un référant clean et une petite amie très peu clean — si bien qu’on est déboussolé par tous les deux.

 

Jackie subira tout au long de la pièce trahisons et échecs personnels en cascades.

 

Ce qui m’enchante dans cette farce, c’est que nous nous trouvons devant une palette de personnages débordant d’une exceptionnelle vitalité. L’humour est circonstanciel et très lié au fait que malgré les excès des personnages, nous ne tombons jamais dans des caricatures. Les personnages eux-mêmes sont plongés avec une telle acuité et une telle sincérité dans leurs propres problèmes, que cette « distance » qui souvent transforme une comédie en caricature est totalement évacuée. Tous les personnages vivent à 200 à l’heure l’urgence de leurs situations fâcheuses respectives. C’est comme si nous nous trouvions au premier rang d’un match de boxe, en train de regarder les personnages se cogner à mort. On ne peut s’empêcher de se laisser happer par leurs passions, leurs douleurs et leur ridicule au fur et à mesure qu’ils essaient de se faire une place dans un monde qui ne leur a pas donné beaucoup de chances.

 

La langue de Guirgis est totalement surprenante, elle capte le langage de la rue dans toute sa crudité et son immédiateté pour en distiller une poésie rugueuse et poivrée. Un instant, on meurt de rire et le suivant, ça vous arrache le cœur. Les dialogues comprennent des suites de jurons parmi les plus expressifs depuis Shakespeare.

 

Bien que la pièce puisse paraître totalement new-yorkaise à premier abord, les sentiments et les enjeux des situations dramatiques sont universels. Et le défi pour nous les traducteurs sera de ne pas tomber dans le piège d’un langage banlieusard franchouillard mais de trouver comment rendre cette violence et cette poésie en un français contemporain.

 

Stephen Adly Gurguis a gagné le Prix Pulitzer 2015 avec sa dernière pièce, Between Riverside and Crazy. L’enculé au Chapeau a été créé sur Broadway en avril 2011 au Gerald Schoenfeld Theatre.

 

 

Intentions de mise en scène

 

UUne fois de plus, ma mise en scène sera la plus sobre possible et reposera sur le jeu des comédiens.

 

L’enculé au Chapeau est une farce, par conséquent elle exige un traitement comique, et les personnages devront jouer de manière emblématique un peu comme ceux de la Comœdia dell’Arte. Chaque personnage a sa manière personnelle d’exister. Il y a cinq langages dans la pièce : un par personnage. Chaque personnage est habité par une urgence violente d’exprimer son désarroi comme s’il était saisi par les spasmes que l’on ressent lorsqu’on a envie de vomir. C’est involontaire, c’est violent, c’est incontrôlable. Et même quand Ralph D. ou Cousin Julio essaient de maîtriser cette violence, ils se retrouvent contaminés par la violence même qu’ils voulaient apaiser. Il y a donc un traitement de chaque langage et ensuite une manière de positionner les langages de chacun et gérer la manière dont ils s’entrechoquent.

 

La scénographie exige la création de trois lieux différents, très différents les uns des autres, et qui reflètent l’état d’esprit des trois propriétaires : chez Veronica, (la petite amie de Jackie) une chambre d’hôtel minable à Times Square ; chez Ralph D., le référant AA de Jackie, un appartement-boutique bio près de la 8ème Avenue et chez Cousin Julio, un living envahi de plantes vertes à Washington Heights. Il est essentiel que nous puissions passer d’un lieu à l’autre avec la plus grande fluidité pour ne pas interrompre le rythme trépidant de la farce.

 

Geoffrey Dyson

 

Stephen Adly Guirgis
Prix Pulitzer 2015

Distribution

 

Veronica
Caroline Althaus
Jackie
Matthieu Sesseli
Ralph D
Edmond Vullioud
Victoria
Fanny Pelichet
Cousin Julio
David Marchetto


 

 

 

mise en scène
Geoffrey Dyson
scénographie
Kym Staiff
lumière
Jean-Pierre Potvliege
costumes
Berivan Meyer

 

 



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