en résidence au
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L'enfant enfoui

de Sam Shepard

traduit de l'anglais par
Geoffrey Dyson
et
Antoinette Monod
Une production du Théâtre Claque — Lausanne

 

Une récente relecture de L'Enfant enfoui m'a ébloui. Cette pièce a en effet tout pour me plaire : elle est ancrée dans la réalité, mais les personnages en sont foncièrement bizarres. Elle parvient à tisser une multitude de thématiques tout en tirant sa force principale du thème fondateur œdipien. C'est aussi une pièce qui donne aux acteurs des rôles extraordinaires leur permettant de s'épanouir et de dépasser leurs limites sur scène. J'étais cependant perplexe, malgré la puissance évidente du texte et son statut de « classique » du théâtre anglo-saxon du XXème siècle, je n'avais jamais entendu parler de production en français. J'ai initialement pensé que la pièce était inédite. A tort, Primo Basso en avait fait une traduction en 1982, mais les milieux théâtraux francophones ne semblent pas avoir saisi l'importance de cette pièce. En 1996, lors de la reprise de L'Enfant enfoui par la Cie Steppenwolf de Chicago pour Broadway, Sam Shepard a retravaillé sa pièce. La version de 1977, qui avait gagné le Prix Pulitzer, lui paraissait alors trop ambiguë. Et il souhaitait également faire surgir avec plus de force l'humour sous-jacent. Il était désespéré de la voir jouée comme une tragédie grecque, or la cocasserie des situations est un élément essentiel de la pièce. C'est donc la version de 1996 qu'Antoinette Monod et moi-même avons traduire. Nous en avons obtenu les droits ainsi que ceux de représentation. Le défi de cette production sera de trouver l'équilibre délicat entre la tragique de l'enjeu principal et l'étrange cocasserie des personnages et des situations.





Une ferme délabrée, le living. Une famille aux prises avec une violence contenue et un étrange malaise qui laisse deviner le malheur profondément ancré : Dodge, le grand-père râleur et alcoolique, Halie, la grand-mère moralisatrice qui sort se pinter avec le pasteur Dewis ; leurs fils, Tilden, ex-joueur de football américain réduit à l'état d'épave, à demi idiot ; et Bradley, qu'une tronçonneuse a rendu unijambiste. Débarquent, après six ans d'absence, Vince, le petit-fils, que personne ne reconnaît, et sa petite amie, Shelly, qui ne parvient pas à comprendre la folie à laquelle elle est soudainement confrontée. La famille vit dans l'ombre d'un sombre secret, et c'est Shelley, l'étrangère qui trouvera le moyen de « découdre » la bouche de Dodge — des années auparavant il a enterré derrière la maison un nouveau-né non désiré, fruit d'une relation probablement incestueuse. Le nuage de culpabilité ne se dissipe que lorsque Tilden déterre le corps momifié de l'enfant et l' apporte à sa mère, retirée à l'étage. Son acte purge enfin la famille de son infamie, et suggère la possibilité, peut-être infime, d'un renouveau de la ferme sous Vince.




Cette mise à plat de l'intrigue ne rend nullement compte de la richesse de la pièce qui recèle de multiples niveaux de lecture. Thèmes et symboles sont foisonnants dans le théâtre de Sam Shepard apparemment réaliste. Mais si la pièce peut évoquer le théâtre antique par les thèmes de l'inceste, de l'identité et de l'appartenance, du pouvoir et de la religion, les protagonistes eux, sont ancrés dans une banalité contemporaine et déconcertante de cul-terreux, hantés par le rêve américain.

 

 

 

 

 

Distribution

Dodge....................................................................................................................................... Michel Cassagne

Halie............................................................................................................................................ Claudine Berthet

Tilden ..........................................................................................................................................  Raoul Teuscher
Bradley ................................................................................................................................. Edmond Vullioud
Shelley ...............................................................................................................................................  Lucie Rausis
Vince ................................................................................................................................................  Laurent Baier
Père Dewis .............................................................................................................................. Geoffrey Dyson

 

 

 

mise en scène...................................................................................................................... Geoffrey Dyson

scénographie..................................................................................................................................... Kym Staiff

lumière......................................................................................................................... Jean-Pierre Potvliege

costumes..................................................................................................................................... Diane Grosset

assistante.............................................................................................................................. Claudine Berthet

du 3 au 22 janvier 2012 Pulloff théâtres — Lausanne

mardi, jeudi et samedi à 19h, mercredi et vendredi à 20h30,
dimanche à 18h, relâche le lundi.

 

 

 



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