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de Jez Butterworth

 

du 28 novembre au 17 décembre 2017 Pulloff théâtres — Lausanne

 

 

 

traduit de l'anglais par
Geoffrey Dyson
et
Antoinette Monod
Une production du Théâtre Claque — Lausanne

 

« A la campagne, tout le monde peut être sage, déclare en se moquant Lord Henry dans Le Portrait de Dorian Gray, Il n’y a aucune tentation. » Mais le noble hédoniste d’Oscar Wilde n’a jamais passé un après-midi bien arrosé dans la forêt de Flintock, un bourg fictif dans le comté de Wiltshire en Angleterre. Il n’a jamais folâtré dans la clairière devant le mobile home de Johnny «Le Coq» Byron, à tomber dans un coma éthylique pendant que son hôte dégoise des histoires à dormir debout entre des bouffées ou des sniffées de substances illégales. Le Coq, corrupteur de jeune gens, fabuliste grotesque, squatter rebelle et menace pour la municipalité, est tout sauf honnête. Mais, il n’est pas complètement mauvais non plus. Il oscille malicieusement entre amoralité et droiture, se montrant plus comme un esprit des bois qu’un homme lié aux lois civiques. « Un enfant mâle de Byron naît avec trois apanages : une cape, une épée, et ses propres dents. Il est entièrement équipé. Il n’a besoin de rien. Mort, il ne pourrit pas, c’est un morceau de granit. Il y a des garçons Byron enterrés partout dans ce pays, couchés en terre aussi frais que le jour où on les a plantés.»

 

La pièce de Butterworth se déroule en une seule journée, à la fin de laquelle Le Coq est expulsé de force de son squat par des fonctionnaires municipaux enragés. L’histoire de cette journée en trois actes est une tapisserie tissée d’humour anarchiste et une narration truculente, racontée dans un langage lyrique qui prend son envol dans les mythes, un alliage d’histoires sans queue ni tête, des contes traditionnels, des coups de colère, du badinage, des chants et des hymnes.

 

Cependant, si quelques références ou quelques termes d’argot nous échappent, ne vous inquiétez pas: l’intrigue est simple. De plus, Jérusalem présente des arguments que chacun peut comprendre; c’est politique dans le sens le plus élémentaire, abordant le thème de la lutte entre un citoyen et un pouvoir municipal. Toute société dans laquelle les plus puissants essaient systématiquement de dépouiller de leurs droits et de leur dignité les moins puissants va apprécier le combat du Coq pour sauvegarder sa parcelle de terrain. Mais nous avons à faire à une pièce de théâtre, non à un tract. Le Coq est d’abord un monstre d’appétit et de chaos, un trafiquant, un père nuisible. Il est mythique et immortel – à ce qu’il dit. Ce qui est clair, c’est qu’il manipule et qu’il est manipulé par tous les jeunes qui affluent chez lui, en particulier Phèdre, 15 ans, la Reine de Mai qui a disparu, en faisant du Coq le principal suspect.

 

Johnny Byron Le Coq est un troubadour, descendant provocateur d’un âge disparu de guerriers héroïques tueurs de dragons. Grossier, anarchique et éminemment byronien, Le Coq est en partie le joueur de flûte de Hamelin et en partie une incarnation falstaffienne du poème émouvant de William Blake Jérusalem, devenu par la suite l’hymne britannique officieux qui donne son titre à la pièce. Ce personnage d’une humanité impressionnante est destiné à devenir un St. Georges des temps moderne.

 

A la création de Jérusalem à Londres en 2009, la critique a salué une pièce sur l’identité nationale. Or, bien que nous vivions un moment de l’histoire ou les préoccupations identitaires sont de plus en plus revendiquées, cette quête identitaire a été confisquée par des mouvements nationalistes d’extrême droite hostiles à l’autre. Jez Butterworth nous propose, par un tour de magie, un traitement de la question identitaire à des années lumières de la définition étroite et raciste des mouvements réactionnaires. John Byron Le Coq est libre, libertaire, internationaliste, prêt à tout pour sauver sa peau, courageux et grand jouisseur, ennemi de tous les conformismes.

 

 

Intentions de mise en scène

 

J’ai été attiré par Jérusalem tout d’abord parce que je n’ai jamais lu de pièce aussi jouissive. Et aussi drôle. Les personnages sont truculents. Que ce soit Johnny qui raconte des «mythes» rocambolesques sur les géants qu’il a rencontrés et qui sont prêts à lui venir en aide, le Professeur qui prend Rouquin, un plâtrier-peintre au chômage pour une dame, professeure de mathématiques ou Rouquin lui-même qui prétend être DJ alors que visiblement il n’en a pas les capacités et ne le sera jamais.

 

Une fois n’est pas coutume, ma mise en scène de Jérusalem ne sera pas sobre, car Jérusalem est la comédie de tous les excès, épousant à la fois des formes théâtrales aussi diverses que le théâtre de l’absurde, le conte épique, le carnaval villageois, l’hymne païen et le drame plein d’émotions. C’est une célébration exubérante de la vie et de la diversité. Et dans cette célébration, il me semble qu’il n’y a pas de place pour la sobriété.

 

La pièce est à la fois extrêmement drôle et triste, tendre et terriblement violente, délicate et délicieusement paillarde, immorale, amorale et intègre. Il s’agit de saisir toute la richesse et l’ambiguïté de ces tendances contradictoires. Et comme toutes les pièces qui m’attirent, Jérusalem est surtout bien écrite. Les personnages, même les moins développés, sont complexes, pleins des mêmes tendances contradictoires que la pièce elle-même. Cette grande qualité d’écriture offre aux acteurs l’opportunité d’explorer des personnages hors-norme. Et c’est cette exploration que je compte promouvoir dans ma direction d’acteurs.

 

Les thèmes traités par la pièce sont nombreux : les plus frappants sont ceux de l’identité d’une communauté, du pouvoir étatique sur un esprit libre et de l’effet déshumanisant d’une culture obsédée par la santé et la sécurité.

 

En ce qui concerne l’identité, chacun des personnages, tous ces paumés qui viennent trouver un peu d’humanité auprès de Johnny Le Coq Byron, porte en lui un questionnement sur son appartenance. Ces questionnements sont rendus d’autant plus poignants qu’ils se retrouvent dans des situations cocasses qu’ils ne peuvent pas toujours assumer.

 

Dans l’affrontement entre état et liberté, c’est bien sûr le combat du Coq qui nous tient en haleine, il nous semble perdu d’avance et nous ne pouvons qu’être admiratifs devant le refus de Johnny de prendre au sérieux les injonctions de l’État. Mais n’oublions pas que la pièce a lieu le jour de la Saint-Georges et que Johnny est un Saint-Georges des temps modernes.

 

Pour une fois, comme pour Le Cinoche, la pièce Jérusalem exige et me contraint à envisager une scénographie naturaliste et réaliste. Johnny Byron Le Coq a planté sa caravane dans une clairière et c’est là qu’il a établi son campement. Il n’y a pas de place pour des transpositions absconses. Pour que nous puissions voir, entendre et croire à la fantastique histoire de Johnny et de sa bande de losers, nous devons avoir le regard ancré sur une scène réaliste représentant un campement avec une caravane dans une clairière dans un bois anglais.

 

Geoffrey Dyson

 

Jez Butterworth

Distribution

 

Phèdre
Marie Ruchat
Ms Fawcett
Jade Amstel
Mr Parsons
Geoffrey Dyson
Johnny Byron dit Le Coq
Laurent Sandoz
Rouquin
Cédric Leproust
Professeur
Edmond Vullioud
Lee
Frank Michaux
Davey
Léo Mohr
Fleur de Pois
Marie Ruchat
Tanya
Jade Amstel
Wesley
Antonio Troilo
Aurore
Jade Amstel
Marky
en alternance Stanislas Lang, Mathys Slama et Raphaël Grisel
Troy Whitworth
Geoffrey Dyson


 

 

 

mise en scène
Geoffrey Dyson
scénographie
Kym Staiff
lumière
Jean-Pierre Potvliege
costumes
Berivan Meyer
maquillage
BViviane Lima
son
Jérôme Baur
relations publiques
Pierre Lang

 

 



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