Rapport à une académie

de Franz Kafka
Théâtre L
mise en scène de Denise Carla Haas
1er au 20 avril 2008

jeu : Yves Jenny, Valérie Liengme

mise en scène : Denise Carla Haas
scénographie: Denise Carla Haas & Adrein Moretti
construction du décor : Mario Medana
lumières : Hans Meier
costumes : Tania d'Ambrogio
musique : Mathias Demoulin
collaboration artistique : Corinne Martin
collaboration dramaturgique : Elias Schafroth
photographie presse et spectacle : Maurice Hass
graphisme : Jonas Marguet
stagiaire : Marina Porobic
administration : Line Lanthemann

Le texte parle de la perte de l’identité. Et avec la perte de l’identité, de la quête d’une identité nouvelle, inconnue. Rapport à une Académie de Franz Kafka (1883-1924) est l’histoire d’un singe capturé en pleine nature qui s’adapte de plus en plus à la vie et aux habitudes humaines. Une fois qu’il maîtrise parfaitement le comportement humain, il se rend compte qu’il a perdu l’innocence de la bête, le rêve animal, l’univers naturel. Il ne peut désormais plus revenir, retourner là d’où il vient. La perte de l’identité animale et l’appropriation d’une identité humaine sont une réflexion sur le temps impossible à faire revenir.

La perte de l’identité est actuellement plus que jamais une thématique quotidienne. Il semble que plus les moyens de communication sont divers, multipliés et efficaces, plus l’être humain est contraint de se battre avec la solitude. Plus il habite dans des grandes villes, près de milliers de gens, plus il se rend compte qu’il est et reste inconnu. Dans Le Tueur, notre projet précédent, l'identité se cherche quand Fritz Haarmann essaie de savoir ce qu’il fait exactement durant les passages à l’acte que sont ses meurtres, contraint à parler par le psychiatre Schultze. Ici, le singe Peter-le-rouge parle de la perte de l’identité du singe grâce à l’acquisition de l’identité humaine. Autrement il ne pourrait pas en parler. Mais déjà le fait de maîtriser le langage humain montre que Peter formule ses sentiments de singe peut-être comme un être humain et alors tout le discours est faussé. Cette donnée est particulièrement intéressante, car elle permet dans la réalisation scénique de trouver un discours non langagier qui exprimerait une nostalgie de la nature et de l’état de singe impossible à fixer dans la formulation parce que les animaux n’ont pas nos mots. Peter est indubitablement habité par les deux identités, mais la première se perd au prix de l’acquisition de la deuxième. Kafka thématise les difficultés de l’assimilation, de l’éducation et de l’identité. «Où que j’aille, j’aurai toujours la nostalgie de ma patrie que j’ai quitté(e), poussé(e) par la soif de découvrir des terres nouvelles et contraint(e) d’aller de l’avant, incapable de retourner et si je retournais, incapable de retrouver la patrie comme je m’en souviens.»

Pour ce texte, très rarement monté au théâtre, il sera nécessaire d’écrire une adaptation scénique. Toutefois, le fait qu’il soit rédigé à la première personne et que l’auteur ait déjà créé la parole ‘directe’ de Peter-le-rouge facilite énormément l’entreprise. Ici, l’enjeu à résoudre se situe scéniquement plutôt dans la représentation de l’ancien et du nouveau singe. Comment le récit commandé par l’Académie fait jaillir le souvenir de la métamorphose du singe en homme, quête passionnelle entre ce qui a été et ce qui est actuellement.

Le Théâtre L. s’est déjà plongé avec succès dans l’univers de Kafka avec Un Artiste de la Faim et Un Artiste de la Faim /No 2 de Franz Kafka. Ces deux adaptations scéniques sont à disposition en DVD sur demande auprès du Théâtre L.

DCH