S’opposer à l’orage

de Christophe Pellet
Cie Voeffray-Vouilloz
mise en scène de Joseph E. Voeffray
du 29 mars au 17 avril 2011

jeu : Anne Vouilloz, Felipe Castro, Vincent Bonillo, Jeanne De Mont, Monica Budde, Emmanuelle Ricci, Pierre-Antoine Dubey

mise en scène : Joseph E. Voeffray
assistante à la mise en scène : Magdalena Czartoryjska Meier
scénographie : Daniela Villaret
costumes : Nicole Mottet
lumières : Jean-Pierre Potvliege
maquillage et coiffure : Johannita Mutter
son : Frédéric Morier
technique et régie : Denis Waldvogel
administration : Claudine Corbaz

Christophe Pellet nous offre une pièce qui a pour décor un lieu délabré: un domaine dans une ancienne colonie. Ce lieu, comme les êtres qui l’habitent depuis longtemps, sont menacés de ruine.

Dans le souvenir de Lydia Kasterman, ce lieu fut un lieu de bonheur. La question de savoir si ce bonheur fut réel ou simplement imaginé ne se pose même pas; ce qui intéresse Pellet, c’est le déclin qui menace un pays, à la fin du vingtième siècle. Le déclin non seulement attire ceux qui croient pouvoir en profiter mais fait naître également toutes sortes d’idées pour y échapper. Un mariage par exemple, où la mariée apporterait l’argent tellement nécessaire. Bref, le lieu est une métaphore d’une époque marquée par des bouleversements de premier ordre. Tous les personnages se définissent par rapport à ce lieu: certains veulent le restaurer, d’autres le fuir; certains désirent le réinventer ailleurs, et d’autres prennent simplement acte de sa disparition.

Rêveurs et bâtisseurs, aventuriers et neurasthéniques se croisent dans cette quête, sans jamais pouvoir s’unir les uns aux autres: car avant de construire un lieu, ne faut-il pas d’abord se construire soi-même?

L’écriture de Pellet vise à habiter dans tous les sens du terme : à vêtir le personnage qui fait l’expérience d’être sans rôle, désaffecté, et de ré-affecter le lieu vécu comme une ruine. Habiter en poète, disait Heidegger, c’est investir la langue, mais ce que la langue révèle ce sont les hautes ruines que sont les personnages et les lieux. La profonde et froide mélancolie qui les hante et qui ne peut être surmontée que par la beauté. L’héroïne de S’opposer à l’orage déclare: «Je te vois brûler! Le froid, c'est cela le pire... Le froid... Il nous reste la beauté. Cette beauté, comme elle nous fait du bien... Comme elle nous fait du bien, la beauté!»